L'ARTISTE
Né au Maroc en 1989, Mohamed Said Chair est un artiste autodidacte marocain qui vit et travaille à Tanger. C’est auprès d’une mère architecte qu’il touche ses premiers crayons et elle l’initiera très tôt aux principes de la perspective et des ombres à partir d’un objet. Passionné dès son enfance par les mangas diffusés par les chaînes de télévisions espagnoles il en fait pendant plusieurs années ses modèles de prédilections qu’il reproduit de mémoire au stylo sur tous les supports à sa disposition, cahiers de classe, livres, revues… Le dessin devient son passe temps favori et à partir de l’adolescence il commence à reproduire ce qui l’entoure, la salle de classe, les bâtiments de son collège, des natures mortes aussi. C’est au collège qu’il prend ses premiers cours d’arts plastiques et qu’il réalise sa première peinture sur toile qui sera sélectionnée à une exposition collective de jeunes talents à l’Institut Espagnol de Tanger, il a quinze ans.
Le baccalauréat en poche Mohamed Said Chair poursuit des études académiques en Institut de tourisme et en Ecole de management tout en continuant à dessiner et à peindre. Il se documente et s’intéresse à tous les mouvements de la peinture mais particulièrement à la nouvelle figuration telle que pratiquée par Lucien Freud.
En 2011 il entame une carrière professionnelle dans la finance et l’hôtellerie et en 2017 il décide de se consacrer exclusivement à l’exercice de sa passion. Sélectionné en 2016 à l’exposition collective Rupture au Comptoir des Mines à Marrakech il l’est également en 2017 au programme MASTERMIND, concours de jeune création contemporaine initiée par la Galerie Venise Cadre à Casablanca. A l’initiative de Christophe Person il intègre la même année le catalogue de l’Hôtel de vente PIASA à Paris où son travail est prisé par de jeunes collectionneurs d’art contemporain africain. En 2018 il est invité à une résidence d’artiste privée à Paris où il réalise les travaux qui seront montrés à sa première exposition collective à la Sulger-Buel Gallery à Londres en 2019. La Fondation Montresso à Marrakech lui propose également une résidence au Jardin Rouge au cours de laquelle il participe à l’exposition collective XXL et se termine en 2020 par son solo show My dear friend.
Pour Mohamed Said Chair l’acte de peindre est la concrétisation d’une vision et/ou d’une idée, se servant d’une technique académique classique il s’interroge essentiellement sur le bien fondé de la culture de masse et ses dérives aliénantes, les méfaits de la surconsommation de produits, de services, mais aussi d’idéaux sociaux et religieux.
L'Exposition
Dans la continuité de sa série réalisée en 2019 pour sa participation à la foire DDSSIN avec la Sulger-Buel Gallery où il a essentiellement travaillé sur l’isolement fréquent que l’homme entretient quand à son rapport au corps Mohamed Said Chair propose pour son exposition individuelle The Bank à la Galerie Shart un ensemble de peintures et de dessins représentants essentiellement des espaces de travail désertés, vidés de toute trace humaine.
Se servant de son expérience professionnelle dans la finance il use de la métaphore de cet univers pour s’attaquer à une irréalisation de nos sociétés ultra-connectés où dorénavant le numérique prend le pouvoir au détriment de l’Homme : Tout se virtualise, se convertit en données numériques, s’irréalise pour mieux prospérer. L’artiste nous confronte alors, dans ses peintures à l’huile ou ses dessins au crayon, à des guichets désertés, des coffres-forts vides. L’argent a disparu, et avec lui la mémoire des échanges. Seuls subsistent quelques panneaux publicitaires ou informatifs vantant les mérites d’une vie à crédit où la machine a remplacé l’humain, où la spéculation se fait sur le vide et non plus sur le plein.
Catalogue
“Mohamed Saïd Chair, de son côté, s’attaque à une irréalisation galopante de nos sociétés ultra-connectées. Après avoir mis littéralement en boîte ses contemporains dans ses travaux antérieurs, il revient à ses premières expériences professionnelles dans l’univers de la banque et de la finance qu’il a délaissé pour la peinture. D’une boîte à l’autre, une même dématérialisation est en marche. L’argent ne fait pas exception : il se virtualise, se convertit en données numériques, s’irréalise pour mieux prospérer.”
Olivier Rachet